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AU BORD DU NAUFRAGE...

Mal embarqué dans une lutte à quatre pour le maintien, Sankt Pauli pourrait bien finir par évoluer en troisième division l'an prochain. Un cauchemar pour ce club mythique d'Hambourg, embourbé dans une saison galère. 

Jamais Hells Bells ne cessera de retentir au Millerntor. En entrant sur la pelouse, les cloches d’AC/DC sont censées mettre une pression d’enfer aux adversaires de St Pauli depuis des années maintenant. Oui mais voilà, cette saison le club d’Hambourg est si mal en point qu’elles passent plus pour des carillons annonçant la débâcle à venir. En 12 matchs au Millerntor, Pauli n’en a remporté que 4. Plus 2 matchs nuls. Soit un total de 14 points, ajoutés aux 7 autres glanés à l’extérieur (en 12 rencontres). Avec 21 points, à 10 journées de la fin du championnat, les pirates sont avant-derniers, et semblent lancés dans une lutte à quatre pour le maintien (avec Munich 1860, Aue et Aalen).


Un combat bien mal entamé le 21 février dernier, avec une défaite sur la pelouse de 1860 (1-2) puis un nul à domicile face à Aue une semaine plus tard (0-0, un miracle). Seule la victoire à Braunschweig ce week-end est venue redonner un peu d'espoir au navire et son pavillon noir. Sur les quatre équipes, une se maintiendra, deux descendront et la dernière (le 16e) jouera un barrage avec le troisième de 3.Liga. « Je suis très préoccupé, confiait Corny Littmann, président du club entre 2002 et 2010 et l'un des instigateurs de l'opération « Retter » (sauveur) pour éviter la faillite du club en 2003, au Hamburger Morgenpost il y a une semaine. Rien que de penser que Sankt Pauli pourrait descendre, ça fait mal. Mais je ne désespère pas ».

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Symbole de son quartier (« Sankt Pauli », situé aux bords de l’Elbe, où les murs te pissent dessus quand tu viens t’y soulager), connu dans le monde entier pour les valeurs sociales qu’il défend corps et âme (des dizaines d’articles ont déjà été rédigés pour décrire son aura, ou par exemple et les lecteurs de Rue 89 ont récemment choisi Sankt Pauli au détriment de Strasbourg pour suivre la gestion du club sur Football Manager grâce à un compte-rendu régulier), le club est cette saison en souffrance.


Pire défense (42 buts encaissés en 24 matchs), une attaque en manque de réussite constant (en témoignent les deux poteaux touchés face à Aue) et surtout des joueurs qui n’évoluent pas au niveau que l’on attend d’eux. Considéré comme étant l’un des meilleurs gardiens de deuxième division, Philipp Tschauner a vu Robin Himmelmann lui passer devant, Marc Rzatkowski, leader du milieu de terrain l’an dernier a fait un tour sur le banc contre Aue du fait de ses prestations médiocres, la pointe tourne au gré des performances (ternes) entre John Verhoek (oui, l’ancien Rennais, 4 buts), Christopher Nöthe (4 buts), Lennart Thy (1 but) ou Ante Budimir (0 but)… Au mois de mars, l’équipe se cherche encore et change de visage tous les week-ends.

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Depuis l'avant-dernière victoire de Pauli, face à Aalen (en décembre, quand Ewald Lienen, est venu remplacer Thomas Meggle à la tête du groupe pro), 17 joueurs différents ont été titularisés en cinq rencontres, et jamais le même onze (pour une victoire, deux nuls et deux défaites). Lennart Thy, attaquant de formation, a d’ailleurs été trimballé de la pointe du dispositif au poste d’arrière latéral jusqu’à débuter ailier gauche face à Braunschweig. Un chemin de croix vers une descente inexorable ?.. Pas si sûr, car l'équipe a retrouvé un semblant de solidité. Mais la situation reste tout de même très compliquée. « Nous avons besoin de marquer et de gagner des matchs, réagissait Ewald Lienen après la victoire, samedi. Ces trois points sont essentiels pour rester au contact des autres équipes, et engranger de la confiance ».


Sur les huit saisons disputées depuis 2007 et son titre de champion de Regionalliga Nord (la 3.Liga n’existait pas), Sankt Pauli en a passé sept en 2.Bundesliga, pour un court (mais intense) passage dans l’élite (en 2010-2011, terminé bon dernier, avec 11 défaites sur les 12 derniers matchs). L’année suivante, le club avait manqué le barrage d’accession en Bundesliga au goal-average. La saison dernière, en lutte pour la montée, Pauli avait terminé 8e en ne marquant que 7 points lors des 9 derniers matchs. Pas de quoi imaginer le naufrage de cette année.

Même s’il descend, St Pauli restera comme LE club de gauche dans le paysage du football mondial. Le Millerntor ne sera jamais orphelin de son « Aux Armes », entamé (en Français s’il vous plait) à chaque début de rencontre, en l’honneur du jumelage avec le CU84 (Marseille), car ses travées ne seront jamais désertées et le « Jolly Roger » continuera d'y flotter. Et s’il ne pourra plus disputer ses duels « amicaux » avec l’Union Berlin (adieu le « hipsterico ») en cas de relégation, et devra patienter encore un peu avant de retrouver le HSV, il pourrait croiser la route du Dynamo Dresde et du Hansa Rostock au troisième échelon.


S’il fallait trouver une unique « bonne » raison de voir Sankt Pauli descendre, elle est incarnée par ces bouillants duels. « Sankt-Pauli a besoin d'un miracle », titrait le Hamburger Morgenpost après le nul face à Aue. S'il a pris un peu de consistance ce week-end, il va maintenant falloir enchaîner. Sinon, ce fier navire devra voguer dans des eaux encore un peu plus troubles.



Paul Arrivé


Crédit photo : David Hecker, gehkacken.de

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